ADELAIDE: |
Oh, ma robe ! |
ADELAIDE: |
Ils ont tiré une flèche dans la chambre. |
FELICIE: |
Espèce de voyous ! Vous pouviez nous crever un œil. |
AVENANT: |
Belle n'a rien ? |
ADELAIDE: |
Belle. Toujours Belle. Peu importe Belle. Vous avez failli tuer Cabriole. |
LUDOVIC: |
Les voilà. |
FELICIE: |
Belle, tu nettoieras le parquet ; nous allons être en retard chez la duchesse. |
ADELAIDE: |
Assassins ! |
LUDOVIC: |
Mes sœurs sont des garces. |
FELICIE: |
Boire. Courir les filles. Pour le reste, ils s'en moquent. |
LUDOVIC: |
Quand on n'a plus d'argent, on reste à la maison, à laver le linge... Non mais ! Regardez-moi ces garces qui ne se rendent même pas compte qu'on leur rit au nez. |
ADELAIDE: |
Mais réponds-lui... |
FELICIE: |
Il serait trop content. |
LUDOVIC: |
Oh ! Les belles. Oh comme elles sont belles ! |
ADELAIDE: |
Dépêchons-nous, nous allons manquer le concert. |
LUDOVIC: |
Oh, les ravissantes, les divines ! |
ADELAIDE: |
Petit laquais ! |
LUDOVIC: |
L'imitant
Petit laquais ! |
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ADELAIDE: |
Petit laquais ! |
FELICIE: |
Trouvant le laquais endormi sur une chaise de porteurs
Oh ! C'est incroyable ! |
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ADELAIDE: |
Est-ce pour dormir qu'on vous paie ? Je n'ai jamais rien vu de pareil. Oh ! Ces chaises sont des immondices ! |
FELICIE: |
Petits laquais, petits laquais ! |
ADELAIDE: |
Vite, vite. Dépêchez-vous. |
LAQUAIS: |
Allez, on part. |
ADELAIDE: |
Pas sous l'échelle. |
FELICIE: |
Vous traînez. Vous dormez. Vous avez bu ! |
ADELAIDE: |
Voyez cet ivrogne qui ne sait même pas son monde ! |
FELICIE: |
Ce va-nu-pieds, ce bon à rien. |
ADELAIDE: |
Ah, mais ils ont bu, ils ont bu ! |
LUDOVIC: |
Allons, allons, allons... Le diable vous éclabousse et vous couvre de crotte. |
AVENANT: |
Belle, vous n'êtes pas faite pour être une servante ; même le parquet veut devenir votre miroir. Vous ne pouvez plus travailler du matin au soir. |
LA BELLE : |
Si les bateaux de notre père n'avaient pas été perdus dans la tempête... Mais nous sommes ruinés... |
AVENANT: |
Je me demande pourquoi ce ne sont pas vos sœurs qui travaillent. |
LA BELLE : |
Mes sœurs sont trop belles, elles ont les mains trop blanches. |
AVENANT: |
Belle. Vous êtes la plus belle. Regardez vos mains... |
LA BELLE : |
Laissez mes mains, et retirez-vous que je finisse mon ouvrage. |
AVENANT: |
Je vous aime. Epousez-moi. |
LA BELLE : |
Non, Avenant. Ne m'en parlez plus. C'est inutile. |
AVENANT: |
Je vous déplais. |
LA BELLE : |
Non, Avenant. |
AVENANT: |
Alors ? |
LA BELLE : |
Je veux rester fille et vivre avec mon père. |
AVENANT: |
Belle, je vous arracherai de force à ces filles stupides. |
LA BELLE : |
Laissez-moi ! |
LUDOVIC: |
Ludovic entre dans la pièce |
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Bas les pattes. Tu veux que je te casse la gueule ? |
LA BELLE : |
Laisse, Ludovic. Avenant me demandait en mariage. |
LUDOVIC: |
Qu'est ce que tu lui as répondu ? |
AVENANT: |
Elle m'a refusé. |
LUDOVIC: |
Bravo, Belle. Je suis un chenapan, je m'en vante, mais je ne supporterai pas de te voir en épouser un autre. Qu'il se le tienne pour dit ? Allez, crapule, vide les lieux! |
LE PERE : |
Entrez, Messieurs. Je veux que vous soyez des nôtres lorsque j'annoncerai la grande nouvelle. |
LA BELLE : |
Mon père ! Qu'il ne sache rien ! |
LE PERE : |
Mes filles sont dans le grand monde ; on les cajole. Je ne les attendrai pas. Viens près de moi, Belle. Approche, Ludovic. Et toi aussi, Avenant. Tu n'es pas de trop. Ces messieurs vous pardonnent vos incartades. Nous allons devenir riches. Un de mes vaisseaux de marchandises est arrivé au port. |
LUDOVIC: |
Avenant le savait. |
AVENANT: |
Ludovic ! |
LUDOVIC: |
Il en a profité pour demander la main de Belle. |
LA BELLE : |
Ce n'est pas la première fois qu'il me la demande depuis notre ruine. |
LE PERE : |
Tu veux donc me quitter ? |
LA BELLE : |
Non, mon père, je ne vous quitterai jamais. |
LUDOVIC: |
Si je ne paie pas ma dette ce soir, on me met en prison. |
AVENANT: |
Un usurier comprend vite. Je lui ai tout expliqué. Le voilà. |
USURIER: |
C'est une très, très grosse somme... |
AVENANT: |
Un des vaisseaux perdus est rentré au port. |
LUDOVIC: |
Je vous rembourse dès le retour de mon père. |
USURIER: |
Vous connaissez la loi. Si vous êtes insolvable, je réclame la somme à votre père. Si votre père est insolvable, je prends ses meubles. |
AVENANT: |
Signe, qu'est-ce que tu risques ? |
OFFICIEL DU PORT : |
Que voulez-vous que j'y fasse ? |
LE PERE : |
Mais s'il ne me reste rien de ce dernier vaisseau, que vais-je devenir ? |
OFFICIEL DU PORT : |
Vos créanciers du port ont été plus rapides que ceux de la ville. Faites un procès. |
LE PERE : |
Un procès, il ne me reste même pas de quoi coucher dans une auberge du port. |
OFFICIEL DU PORT : |
Et bien, rentrez chez vous. |
LE PERE : |
Mais... il me faut traverser la forêt, je vais me perdre ! |
OFFICIEL DU PORT : |
Vous l'avez déjà traversée pour venir. |
LE PERE : |
Il y avait clair de lune. Maintenant il va y avoir du brouillard. Je vais me perdre. |
OFFICIEL DU PORT : |
Et bien, perdez-vous ! |
LE PERE : |
J'aimerais bien vous voir à ma place ! C'est effrayant ! |
OFFICIEL DU PORT : |
Bonsoir ! ... Bon voyage ! |
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Eh là ! Alors, cher monsieur. Vous volez mes roses... Vous volez mes roses qui sont ce que j'aime le mieux au monde. Vous jouez de malchance, car vous pouviez tout prendre chez moi, sauf mes roses. Et il se trouve ce simple vol mérite la mort. |
LE PERE : |
Monseigneur, je ne savais pas. Je ne croyais offenser personne à cueillir cette rose pour ma fille. |
LA BETE : |
On ne dit pas "Monseigneur", on dit "La Bête". Je n'aime pas les compliments. Ne cherchez pas à comprendre. Vous avez un quart d'heure pour vous préparer à mourir. |
LE PERE : |
Monseigneur... |
LA BETE : |
Encore ! La Bête vous ordonne de vous taire. Vous avez volé mes roses et vous mourrez ! A moins... qu'une de vos filles... Combien en avez-vous? |
LE PERE : |
Trois. |
LA BETE : |
A moins qu'une de vos filles ne consente à payer pour vous, et à prendre votre place. |
LE PERE : |
Mais... |
LA BETE : |
Ne raisonnez pas. Filez ! Profitez de la chance que je vous donne. Et si vos filles refusent de mourir à votre place, jurez de revenir dans trois jours. |
LE PERE : |
Je le jure... Encore faudrait-il que je puisse retrouver ma route. Je me suis perdu en forêt. |
LA BETE : |
Vous trouverez dans mes écuries un cheval blanc. Son nom est Le Magnifique. Il n'y a qu'à lui dire à l'oreille : "Va où je vais, Le Magnifique, va, va, va." Il vous mènera chez vous, et vous reconduirez au château si vos filles sont trop lâches pour l'enfourcher à votre place. Filez ! |